Les secrets de fabrication du savon d’Alep

Par Nina Truchet le 20 février 2017

Depuis que la Syrie se trouve déchirée par la guerre, on est en droit de se poser la question : qu’advient-il désormais du savon d’Alep, connu et reconnu de par le monde pour ses vertus exceptionnelles ? Son héritage est et restera toujours la ville d’Alep. Mais sa fabrication a su trouver ses adeptes, qui continuent aujourd’hui, à Alep comme ailleurs, de faire vivre la tradition.

 

L’emprunt de la formule

De nombreuses enseignes, françaises, européennes ou autres, se sont réapproprié la formule du savon d’Alep afin de gérer elles-mêmes la fabrication. Ce recours peut intervenir en raison de la guerre en Syrie, qui complique les exportations, mais aussi en raison d’une volonté assumée de contrôler le processus de conception.

Vous avez la possibilité d’acheter un savon d’Alep fabriqué au Maroc, comme ici, dans le strict respect d’une recette artisanale traditionnelle. Il s’agit bien d’une recette, car les méthodes de confection diffèrent d’un artisan à un autre. Les produits utilisés sont entièrement biologiques et écologiquement acceptables.

Le contrôle par une enseigne de tout le processus de fabrication peut également s’avérer un véritable avantage en cela que la conservation maîtrisée des produits, ou encore l’apport de connaissances dermatologiques précises auprès de la clientèle sont pris en charge par des professionnels, qui ne laisseront rien au hasard et feront tout pour votre satisfaction.

Une production désorganisée

À Alep, beaucoup d’artisans n’ont pas cessé leur activité. Cliquez ici pour en apprendre plus. Ce qu’il faut comprendre par-là, c’est qu’ils ont encore du stock. Un pain doit sécher pendant environ 9 mois avant d’être valable pour utilisation. Avant le début du conflit, de nombreux savons étaient en cours de séchage. Par la suite, la fabrication a vu son intensité diminuer, mais elle s’est poursuivie suffisamment longtemps pour qu’aujourd’hui encore, quelques exportations soient (techniquement) possibles.

En termes de production, les choses sont beaucoup plus compliquées. Les matières premières, telles l’huile d’olive et l’huile de baie de laurier, mais aussi l’essence pour le transport, les assurances pour les conteneurs… tout coûte extrêmement cher, dans une économie minée par la guerre. Parfois, il est tout simplement impossible de trouver quelque produit ou quelque lieu de conditionnement que ce soit.

Une délocalisation de l’artisanat

Les fabriques de savon qui attiraient autrefois les touristes du monde entier ont été détruites. Il en reste peut-être deux, contre une cinquantaine avant le début du conflit. Le savon d’Alep a donc vu ses artisans se déplacer dans d’autres pays afin d’y poursuivre leur production. Parfois en continuant d’importer les produits d’Alep, parfois en allant les chercher dans les régions environnantes.

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La première pratique a très vite été mise à mal par la difficulté d’exfiltrer des produits du territoire syrien. Il fallait généralement que des produits naturels soient empaquetés dans des bidons afin de passer la frontière au su et à la vue des rebelles qui la contrôlaient.

Une chose qu’il est important de savoir est que le savon d’Alep ne bénéficie d’aucune appellation protégée. Il a donc toujours été légal d’en produire à n’importe quel endroit du globe. Il faut donc aujourd’hui différencier plusieurs vendeurs : ceux qui prétendent que leur savon vient de Syrie, ceux qui assument, à travers une enseigne, la fabrication réappropriée du savon, et ceux… qui sont d’authentiques artisans aleppins ayant fui leur pays.

Ces derniers, comme dans cet exemple, perpétuent une tradition vieille de plus de 3000 ans, originaire d’Alep, et échangent leurs savoirs de pères en fils. Ils utilisent souvent, à l’instar des enseignes, des produits locaux, tout en les manipulant et en les conditionnant de la manière la plus adéquate. En définitive, le savon d’Alep que vous trouverez de temps à autre, trônant près de votre douche, aura peut-être été fabriqué à deux pas de chez vous. Sans rien perdre de ses précieuses vertus.

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